L’organisation apprenante : au-delà de la formation

Une conférence entière sur la façon dont Orange met en place l’organisation apprenante ? Je saute sur l’occasion !

Pourtant, très vite (8’08), je suis déçu.

Qu’est-ce que l’organisation apprenante pour Orange ?

Je cite : « Comment on va être en capacité (…) de mettre à disposition des contenus suffisants, efficaces, qui vont répondre aux besoins et aux enjeux des collaborateurs dans leur propre développement des compétences ».

Bref, comme – trop – souvent quand ce sont des gens de la formation qui en parlent, ils réduisent l’organisation apprenante à ce qu’ils sont en mesure d’apporter eux-mêmes, ie de la formation.

(pire ici, on réduit même l’apport à du contenu)

Heureusement, un peu plus tard (29’15), je me remets de cette première impression en demi-teinte.

Notamment quand j’entends « qu’il va falloir qu’on accepte véritablement que des vidéos soient produites par des collaborateurs quand bien même elles ne seraient pas à la hauteur de ce qu’on serait capable de produire ». Tant qu’elles « répondent à un besoin opérationnel et métier. » (…) « On a un gros défi : l’acceptabilité de la médiocrité de la production de ce que l’on fait ».

Cette idée est fondamentale dans une réflexion d’organisation apprenante et je l’entends tellement rarement que je m’en réjouis ! Peu importe si les pratiques ou les contenus ne sont pas exempts d’amélioration. L’idée étant de favoriser l’amélioration continue, c’est même dans la nature des choses d’être imparfaites dans une organisation apprenante. Encore faut-il accepter/assumer cette imperfection.

En fait, il faudra attendre la toute dernière partie (55’19) pour que la lumière arrive vraiment.

Que l’on entende enfin que des formations, aussi excellentes soient-elles, ne peuvent à elles seules rendre une organisation vraiment apprenante.

Je cite à nouveau : « Se pose aussi la question de l’environnement capacitant. »

Je crois que c’est bon, on y est, on a enfin des gens qui savent sortir de leur cadre.

Mais, à peine trois minutes plus tard (58’40 »), je déchante.

Puisqu’en réalité, il s’agit de « faire en sorte que les managers libèrent la capacité de concevoir. »

Et voilà, on en revient au seul sujet de la conception de contenu.

Heureusement, la conférence se termine (1h10’20) sur une note positive : « Il faut prendre en compte son écosystème (…) Il n’y a pas de modèle unique d’organisation apprenante. »

En définitive, je comprends évidemment les raisons de cette approche restrictive de l’organisation apprenante : il s’agit pour les responsables formation de tenter des choses dans le périmètre qui leur est assigné. Ils y ont sans doute plus de chances de succès rapides (et les exemples donnés ici en témoignent).

N’empêche, messieurs (oui, quatre hommes autour de la table) (no comment), pour vraiment prendre le virage de l’organisation apprenante, à présent que vous avez mis en place plein de choses côté « formation », penchez-vous du côté « organisation ». Aidez les managers à revoir les conditions de travail de leur équipe (climat, rôle, responsabilité, transparence, etc.). Il y a certainement autant à faire… et mieux vaut s’y prendre tôt !

(pour vous faire votre propre idée, c’est ici : https://urlz.fr/a9Qv)

(merci à Momindum d’avoir mis en ligne cette conférence et à Pascal Lacoste de me l’avoir signalée)

L’auteur

Laurent Habart

Laurent Habart est consultant et formateur indépendant. Il accompagne les entreprises dans l’amélioration de leur organisation et la mise en place de politiques de développement des compétences innovantes. Il est l’auteur de La nouvelle organisation apprenante – Et si c’était la vôtre (éditions Diateino, 2018) et de plusieurs études sur les nouvelles tendances en ressources humaines (La fonction RH étendue, Optimiser la formation en entreprise, Former et transmettre autrement…). Il est également scénariste de bande dessinée (Pink Daïquiri, Le Lombard).


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