La subjectivité… : la fidèle compagne du concepteur

Prendre des décisions, faire des choix, sur les orientations pédagogiques, sur les contenus, sur les médias utilisés, sur le dimensionnement des médiations, tel est le travail du concepteur de FOAD.

Les options définies peuvent alors être soigneusement consignées sous forme de plans et devis qui serviront de fil rouge aux différents acteurs intervenant dans la mise en place de la formation ainsi décrite.

Choisir c’est dans un premier temps collationner les possibles, puis les trier, les organiser, en ignorer certains, en valoriser d’autres. Lors de cet exercice, le concepteur joue de, et est joué par, sa subjectivité autant que par ses représentations du contexte. Convaincu des avantages de la pédagogie par projet, il pourra minorer la mise à disposition de ressources de type générique, préférant les outils synchrones, il en viendra à négliger le rôle d’un forum, gardant comme idéal pédagogique la situation présentielle, il multipliera les échanges synchrones au risque de rendre la formation moins accessible.

Il y a un domaine où la subjectivité semble la moins supportable, c’est celui de l’évaluation. Et pourtant… Dans son article, déjà ancien, « L’indispensable subjectivité de l’évaluation » http://www.fmgerard.be/textes/SubjEval.pdf François-Marie GERARD démontre comment la subjectivité du concepteur de l’évaluation intervient à de nombreuses reprises : le choix du type de décision et de l’objectif de l’évaluation, le choix des critères, le choix des indicateurs, le choix de la stratégie, l’examen de l’adéquation entre indicateurs et critères, ou la question du sens. « Il est vain de vouloir éviter cette subjectivité.

Bien plus, il faut en avoir pleinement conscience, et savoir que c’est parce qu’il y a cette subjectivité que l’on peut parler d’évaluation. Mais il faut être réellement conscient des choix qui sont faits, savoir pourquoi on fait tel choix plutôt qu’un autre, savoir quelles sont les implications des choix effectués, vérifier que ces choix permettent de préparer la décision consécutive à l’évaluation de la manière la plus rigoureuse possible,… »

La subjectivité est la compagne fidèle du concepteur. Et bien acceptons-la, mais n’en soyons pas les dupes, tant il est vrai que la plus grande des subjectivités serait de se croire objectif.

Ceci ne veut pas pour acceptation de l’arbitraire, ça en est précisément le contraire. L’arbitraire se manifeste à chaque fois que la démarche adoptée n’est ni consciente, ni rigoureuse, ni critique. La prise de conscience de sa subjectivité permet de prendre conscience de ses biais par une critique rigoureuse de sa pratique. Plusieurs méthodes peuvent permettre cette conscientisation. D’une part, la tenue d’un journal professionnel qui, au fil des missions, permet de collationner nos différents ressentis, ce qui nous a plu et déplu, ce qui a été réussi, ce qui l’a moins été et pourquoi.

D’autre part, des outils comme les cartes mentales sont également susceptibles de nous donner à visualiser nos représentations.

Enfin, l’échange avec ses pairs, objectif à part entière du réseau Learning Planet, constitue une très bonne manière non seulement d’identifier ses préférences de concepteur mais également en découvrant celles des autres d’augmenter son capital de stratégies.

Si concevoir c’est choisir, c’est le partage qui permet d’augmenter les options du choix et donc de mieux concevoir en toute subjectivité conscientisée.


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