Pour un usage réfléchi des neurosciences en pédagogie

Ce billet est en écho aux billets de Dominique Gros sur ce site et suite à un commentaire d’un de mes contacts sur Google Plus que je reproduis ici :

« une légère peur de voir que les neurosciences renforcent la pédagogie de notre « ancien temps », des instituteurs et du béhaviorisme…  N’y a-t-il pas eu des théories constructivistes et socio-constructivistes : comment se retrouvent-elles dans les neurosciences ? je m’interroge… »

cerveauUne compréhension de la neuroscience qui s’arrêterait à identifier des comportements, à les taxonomier, à catégoriser les individus et à automatiser-industrialiser leurs formations en fonction de ces éléments risquerait de réactiver les modèles pédagogiques anciens (académique, béhaviorisme) dont on connait les nombreuses limites.

Dès lors qu’on se servirait des neurosciences pour évacuer la relation humaine, indispensable à la formation, on s’exposerait aux plus graves dérives.

Les apports des neurosciences sont par contre utiles pour mieux comprendre comment entrer en relation avec les apprenants dès lors que l’on ne cherche pas à tout prix à les réduire età les maintenir dans des catégories cognitives.

Savoir, par exemple, que certains apprenants ont une préférence cognitive procédurale et qu’ils ont besoin, non seulement d’un cadre mais de la transmission d’une marche à suivre précise pour réaliser leurs tâches, que certains autres, s’épanouissant dans la (sur)socialisation risquent de beaucoup solliciter leurs formateurs et tuteurs, que d’autres ne peuvent conceptualiser qu’à partir du vécu d’une situation authentique, de d’autres au contraire ont besoin de maitriser la théorie pour s’autoriser à agir, etc. Cette connaissance est utile pour mieux entrer en relation.

C’est au niveau de l’individualisation que les apports des neurosciences peuvent être les plus féconds. Les différents profils peuvent être pris en compte lors de la conception de la formation afin d’individualiser le parcours. L’individualisation étant bien une question d’ingénierie pédagogique.

Mais l’individualisation ne suffit pas. La personnalisation est la prise en compte des caractéristiques de l’individu qui ne sont pas réductibles à une catégorie. C’est bien dans la relation, et uniquement dans la relation, en particulier tutorale, que la personnalisation est possible. Il y faut toute l’intelligence sociale des êtres humains, leur volonté d’engagement dans la relation à l’autre, leur capacité à l’empathie pour que la personnalisation soit effective. Il y faut aussi des moyens matériels et financiers car la relation c’est du temps, et le temps, c’est de l’argent 😉

Comme toujours en pédagogie, il n’y a pas une réponse et les neurosciences ne sont pas LA réponse mais ses apports, contextualisés aux besoins des apprenants et aux intentions pédagogiques, peuvent permettre d’enrichir nos approches et pratiques.

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Sur la personnalisation, cf. mon intervention à Intertice cette année  » Le tutorat au service de la personnalisation des apprentissages » : diaporama – vidéo


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Commentaires

6 réponses à “Pour un usage réfléchi des neurosciences en pédagogie”

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  3. Avatar de GROS

    Tout à fait en phase avec l’analyse de Jacques.

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  6. […] suffisamment stabilisées? Quels contenus pour le colloque? Sciences cognitives et éducation. Pour un usage réfléchi des neurosciences en pédagogie | Learning Sphere. Ce billet est en écho aux billets de Dominique Gros sur ce site et suite à un commentaire d’un […]